Comme une puissante envie de braiser

Ouais ça doit être la saison, tout ça. Le ciel blanc foncé, l’humidité qu’on peut attraper à pleines mains pour s’en foutre dans les poches. On a envie de châtaignes et de bitures au cognac chaud pour dormir des dimanches entiers en attendant plus loin. Les hibernants ont drôlement raison. En cette saison de brumes orangées où le port du bas de survêtement chez soi devrait être remboursé par la sécu me revient des jours lointains cette velléité encore verte en mon cœur en dépit des années : j’ai envie de braiser.

Bien sûr c’est plus compliqué que ça, il y a un contexte, une rencontre ; internet. Comme tout un chacun j’en ai eu plein le cul de payer 137€ le kilo de tomates en plâtre beige à des primeurs de quartier qui te parlent comme à une merde ou acheter des patates en bois cultivées  en Espagne dans des tentes en plastique recyclable vendu au cours indexé sur celui du diamant dans les putain de supermarchés bio qui n’ont de naturel que les merdes de rats qu’on trouve entre les palettes qui supportent leurs boîtes de conserves périmées. Franchement Paris, je te hais pour de nombreuses raisons mais notamment le fait que, finalement, t’aies l’impression de manger sainement avec des putains de ravioles Giovanni Rana tellement tout est de la merde.

J’ai tenté l’alternative la ruche qui dit Ouioui, mais c’est toujours compliqué de se sentir à l’aise au milieu de gens qui pensent que Ségolène Royal est de gauche quand on n’a pas de carte professionnelle de l’éducation nationale sur soi. Je me suis résolu à commander un panier. J’avais peur de ces trucs depuis le jour où mon frangin s’était retrouvé avec un bouquet d’épinards et 5 putain de radis noir pour nourrir sa famille pendant 1 semaine.

J’ai testé ça par hasard. C’est très bien. Vraiment. C’est bon, complet, règlo pour le prix, varié. Tout flottait comme une dent de Shane McGowan dans une gorgée de smoothie aux choux et puis c’est arrivé. Un fenouil. Putain un FE-NOUIL. Et la semaine suivante, DEUX PUTAIN DE FENOUILS. Mais ma gueule c’est quoi ce truc ? Le machin, même pas quand on t’invite à dîner et qu’on te demande ce que t’aimes pas tu penses à dire « le fenouil » tellement c’est entendu. Personne n’aime le fenouil, le fenouil est une anomalie de l’univers comme les poils incarnés et la social démocratie. Qu’est-ce que tu veux que je branle de ton putain de fenouil sérieux ?

D’abord j’ai lutté, tenté des trucs genre curry, tarte ; mes tricks habituels. Rien. Parfois c’est bouffable mais ça sert jamais à rien. Alors j’ai pris le problème à l’envers. J’y ai dit « ok, j’te braise ».

Braiser les légumes c’est faire ressortir leur nature profonde. La carotte se blottit comme un chaton sous une couette dans sa robe de sucre délicat et la courgette révèle toute la complexité de sa saveur et parfois, son léger parfum de noisette. C’est d’ailleurs en braisant qu’on se rend compte que l’endive est une invention de la Légion Condor, tout ce qui en sort c’est un jus mesquin et amer aux lointains relents d’urine qui ne satisfait que des genocidaires, lesquels, d’ailleurs dament cette merde avec du jambon.

Fenouil, petit rhizome disgracieux, céleri qui se rêvait poireau, montre moi ce que tu as dans le ventre, sous tes couches bourrellées et ta broussaille de poils de cul neptunien. Bordel. Surprise. En braisant, le fenouil est un putain de bon coup, il libère des saveurs douces et complexes qui équilibrent son pénible goût anisé. Entouré de quelques frangins de panier c’est encore meilleur.

Alors frères humains qui par ici passaient je vous livre mon chef d’œuvre du mois d’octobre So far (ok, on est le 2) : le sandwich aux légumes braisés.

Pourquoi un sandwich ? Quelle idée. Mais j’en bouffe jamais moi des dwichs putain. Tous les putain de jours, comme un islamo-gauchiste de merde je me prépare ma gamelle ; jamais je ne profite de ces délices de boulangerie avec de la salade en papier et de la vinaigrette à l’huile de palme dont je vous vois vous repaitre.

Alors pour ça il faut :

  • 2 tranches de fenouils (aucune idée de comment ça se coupe normalement)
  • 2 carottes
  • Des petits trucs de brocolis
  • une courgette
  • Une baguette tradition pas trop cuite. Attention, une baguette,pas une GANA MEURT GANA TON PUTAIN DE PAIN TROP CHER PAS BON DANS LEQUEL ON TROUVE DES PANSEMENTS ARGH ARGH ARGH
  • Du houmous de lentilles corail (oh je sens que tu vas me faire chier avec ça, on en parle plus tard)
  • Sel, poivre, placenta d’enfant mort-né, huile d’olive, sésame

Tu coupes dans la longueur les carottes et les courgettes et après, la braise, c’est simple : tu fous tout dans une poêle à gros cul tapissée d’huile d’olive, à feu moyen, recouvert, et tu retournes de temps en temps. Comme l’a écrit Marie Darieukeus « il faut beaucoup aimer les hommes mais il faut très peu peler les légumes ». Dans le cas des légumes braisés, il faut même ne pas les peler du tout, sinon ça perd tout son intérêt. Il faut donc des légumes cultivés sans saloperies, et bien les laver. Le but c’est de retourner les légumes jusqu’à ce que ce qui de la peau soit bien cloqué, et ce qui n’en a pas soit bien brun, un peu rouille.

Quand ça cloque joliment tu arroses de fleur de sel et de poivre et des lettres de mon moulin. Et puis ensuite du sésame ouvre toi. Et en tout dernier, tu peut balancer un peu de persil, pourquoi pas.

Et là tu vas me dire, ça manque pas un peu de protéines ton bordel, Church O’ ? Ouais, c’est là qu’intervient le houmous de lentilles corail. Pourquoi ? Parce  j’en ai toujours dans mon frigo; parce que j’en prends au petit dej. Aux lentilles corail sérieux ? OUI ARRÊTE DE ME PÉTER LES COUILLES. C’est trop bon et c’est fait en moins d’un quart d’heure. Tu vas pas me faire chier parce que j’oublie toujours de faire tremper mes pois chiches. Tu veux faire du houmous de lentilles corail ou tu t’en branles ? Pourquoi je te demande, je m’en fous, c’est mon blog. Il te faut donc :

  • 1 verre de lentilles corail (NO SHIT)
  • 1 cube de bouillon bio mes couilles
  • 1 grosse cuillère de tahin
  • de la coriandre fraîche
  • 1 grosse gousse d’ail
  • Cumin, paprika, piment de Cayenne

Tu fais cuire tes lentilles dans le bouillon 09 minutes, ça va déjà faire une sorte de bouillasse. Tu l’égouttes sommairement, et tu mixes avec tout le reste. Éventuellement tu rajoute un trait ou deux d’huile d’olive ou de sésame.

Tu ouvres ton pain en deux, tu badigeonnes un coté avec de la moutarde. Alors pour faire ta moutarde il te faut NON C’EST UNE BLAGUE tu prends la moutarde que tu veux, je m’en branle. Et l’autre coté avec du houmous, et tu répartis tes légumes. Genre.

Et ça déboite. Pour l’accord mets-vins, j’ai bu ça.

Je ne me rappelle plus trop de pourquoi mais c’était une bonne idée. Un conseil de ma caviste qui est toujours de bon conseil. C’est du rouge mais j’avais un alsacien chelou en blanc qui aurait pu faire la rue Michel, comme dit mon vieux Rom. Entre temps j’ai gouté un alsacien rouge qui aurait déboité, à n’en point douter.

Voilà. Vous avez pensé à dessiner des bites dans la buée des fenêtres en écoutant Cabrel sinon ?

 

 

 

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2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Omry dit :

    le placenta d’enfant mort né est de trop à mon goût (oué je sais tu t’en fout sûrement, mais c’est mon commentaire j’dis c’que j’veux non ? bon.) mais à part ça je me suis vraiment bien marrée en te lisant, merci 😀
    Sinon ton sandwich a l’air terrible, bien joué ! (moi je cherche pas, le fenouil je le mange tout cru … mais bon les goûts les couleurs toussa)

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  2. dark valkyrie dit :

    yo gros!
    dis donc tu sais rendre le fenouil sexy toi (pour pas dire dirty ^^)
    dorénavant, déjà, je le regarderai, et plus de la même façon.
    cordiales condoléances 😉

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